samedi 16 mai 2009

Mai - Un jet comme ça

Un moment d'éternité dans l'embrasure de la porte d'entrée. Les yeux au ciel. Le coeur à l'envers. Un moment d'éternité dans l'ouverture d'une porte à la poignée âgée. Et je n'ai jamais perdu le fil de mes idées. Long et mince. Bien ancré dans ma mémoire. Des souvenirs qui se heurtent aux parois étanches de ma tête. Sans que je ne puisse les évacuer.

La poignée se réchauffe dans ma main. Un contact humide, juste assez pour me rappeler que j'existe. Ça et le vent.

Et je m'avance sur le perron. Un ciel éclatant, quelques nuages, ici. Et là. Sans plus. Et je referme la porte derrière moi. Emportant dans mes bagages des souvenirs que je ne veux plus garder. Mais qui se sont incrustés. En moi. Comme de la rouille.

Et je sais que devant moi se dessinera bientôt un chemin. Plutôt une autoroute. Sans carrefours. Alors je pourrai regarder le ciel. Et me dire que c'est le même que tu regarderas, en descendant de l'avion. Outre-mer. En pensant à tout. En même temps. Sauf, bien évidemment, à moi.

Ou peut-être alors, juste une pensée. Comme ça. Un petit flash, à peine visible. Un miroitement de bronze mât. Bien peu, comparé à tous ces jours à t'espérer chaque jour. Dans l'hiver. Dans l'automne. Printemps et été. Depuis trop longtemps.

C'est sur cette note que s'achèvera mon foutu mois de mai. Jusqu'aux Perséides. Et je pourrai toujours, dans mon appartement, réécrire Altair et Véga. Leur donner la fin la plus heureuse qui soit. Mais ça ne sera jamais toi et moi. Aussi fort que je puisse le penser.

Un moment d'éternité sur la route. Vitre baissée, ma cigarette qui s'effrite au vent. Le soleil qui me pique le bras. Sous mes lunettes fumées, mes yeux sur le chemin droit. Et je passe à autre chose. Pour le moment. Car le fil de mes pensées est attaché à toi. Sans jamais se rompre. Il file, long et mince, d'idées en idées, pour faire une escale jusqu'à toi.

Un moment d'éternité. Trop souvent.

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