Le soleil traversait les carreaux du corridor menant à la cuisine, faisant apparaître deux gros carrés lumineux sur le mur. Bien que la température matinale semblait être confortable, Pierre pouvait sentir la froide céramique sous ses pieds. En entrant dans la cuisine, il s'étonna un peu de voir Murielle encore à la table, elle qui devrait être parti travailler. Il gratta son torse nu et c'est en achevant un bâillement qu'il dit :
- Bonjour, ma belle!
Murielle prit une gorgée de café, sans cesser de fixer son journal.
- Murielle, ça va?
Elle tourna une page de son journal et releva la tête. Le soleil qui la frappait dans les yeux ne semblait pas atténuer son air mécontent.
- Où est la voiture, Pierre?
Un grattement, suivi de petits gémissements, attira l'attention de Pierre.
- Ah! Pistache veut prendre une marche, on dirait. Je vais y aller.
- Pierre, il faut qu'on se parle.
Le ton qu'avait pris Murielle empêcha Pierre de se retourner pour quitter.
- Assieds-toi.
Le plancher sous la table était plus froid, caché du soleil par la table. En voulant s'accoter sur le dossier de la chaise, Pierre eut un petit sursaut, causé par le froid des barreaux métallique traversant la chaise. Il regarda Murielle, qui continuait de le fixer, sans dire un mot. Ses cheveux blonds attachés en chignon lui donnaient un air trop sérieux et accentuaient le léger plissement de ses yeux.
- Euh... j't'écoute?
- T'as vraiment aucune idée de quoi je veux parler?
Pierre jeta un coup d'oeil derrière Murielle, vers la porte d'entrée. Le chien avait cessé de gratter à la porte.
- Non, dit-il, tout en secouant la tête.
Murielle prit une grande respiration en roulant ses yeux. Elle ferma son journal et se leva.
- Murielle? Qu'est-ce qui se passe?
Murielle s'appuya sur le comptoir, les mains bien à plat sur la surface, faisant dos à Pierre.
- Où est-ce que t'étais, hier?
Les barreaux de chaise étaient maintenant tièdes dans le dos de Pierre. Le chien avait recommencé à gratter à la porte.
- Murielle, il faudrait vraiment faire sortir le chien.
Murielle tourna sèchement sa tête en direction de Pierre.
- Où est-ce que t'étais, Pierre?
- J'étais parti avec les gars! Je te l'avais dit, non?
Murielle se retourna pour lui faire face. Sa colère semblait avoir cédé la place à une certaine tristesse.
- Steeve a appelé hier soir. Il voulait t'inviter à venir avec eux.
- Oui, et j'y suis allé.
- Ils ont appelé deux heures après ton départ, Pierre.
Le chien recommença à gratter à la porte.
- Murielle, le chien...
Murielle se pencha la tête. Elle se dirigea vers la porte d'entrée pour disparaître dans le petit corridor. Pierre se leva et se prépara un bol de céréales. Alors qu'il s'apprêtait à le manger, Murielle revint dans la cuisine. Ses yeux étaient maintenant bouffis et rougis, sans doute parce qu'elle avait pleuré.
- Murielle, qu'est-ce qu'il y a?
Murielle lui tendit le journal qu'elle lisait. Sur la première page, on pouvait y lire : « Une voiture jetée du haut d'une falaise. Tous les détails en page A-4. » Le chien intensifia ses gémissements et gratta de plus belle à la porte.
- Pierre, qu'est-ce qui se passe?
Pierre fixait le journal, incrédule.
- Je... C'est... Bon, Murielle, sors le chien, je ne m'entends plus penser.
- Pierre, nous n'avons pas de chien.
Pierre releva la tête. Murielle déposa devant lui une poignée de comprimés.
- Pourquoi, Pierre?
dimanche 22 mars 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Table des matières
- mars 2011 (1)
- avril 2010 (1)
- février 2010 (2)
- novembre 2009 (1)
- octobre 2009 (1)
- septembre 2009 (3)
- août 2009 (9)
- juillet 2009 (4)
- juin 2009 (2)
- mai 2009 (1)
- avril 2009 (9)
- mars 2009 (9)
- février 2009 (4)
Nombre total de pages vues
7,371
:P
RépondreSupprimerEntk, au début quand j'ai commencé, je m'attendais à quelque chose de léger...c'est loin d'être léger! :| :P