J'ai ouvert un livre qui commençait comme ça : Tout m'avale. Un livre que je n'ai jamais fini. Et qui a disparu de ma collection. Comme si le destin ne voulait pas que je sache ce qu'il est advenu de Bérénice et de son frère Christian. Ou comme si, inconsciemment, je ne voulais pas lire ce livre. Comme si je ne voulais pas m'imprégner de cette lourdeur poétique. Comme si je n'étais pas prêt aux mots de Ducharme. Comme si dans le fond, c'était moi, l'avalé des avalés.
Au premier chapitre, j'ai été émerveillé par les mots. Les images. Les phrases. Tout, quoi. Au deuxième chapitre aussi. C'est au vingtième que j'ai reposé le livre. Pour ne jamais le ré-ouvrir. Et pour oublier son existence. Jusqu'au matin où je me suis levé en me disant : Tout va mal. Tout m'avale. Comme Marie-Sissi disait dans son livre.
Alors, j'ai perdu l'essence de Ducharme. J'ai oublié les évocations de l'île. Ou de la péninsule. Des flammes. De l'arbre.
C'est drôle comme ces souvenirs fictifs me semblent vrais. D'une certaine manière, je les ais vécus. Mais aujourd'hui, j'ai des images de la maison de Bérénice. Et de son arbre. Son bateau. Son échappatoire. Et moi, l'échappatoire, c'était le cadavre d'un arbre. Effiloché et cousu en papier. Tatoué de langage. Et vendu en plusieurs exemplaires impersonnels.
Et du jour au lendemain, j'ai commencé à me faire avaler par les mots. Les mots de l'avalée des avalés. Par la dactylo de Ducharme. Et j'ai perdu pied.
mardi 21 juillet 2009
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Ouh là ! Ducharme, il est fort. Ça fait mille ans d'ailleurs que je me dis que je devrais en lire davantage.
RépondreSupprimerIl a de ces images, justement - comme tu le dis -, qui sont destinées à faire partie de notre imaginaire sans qu'on ait notre mot à dire. En ce qui me concerne, c'est "L'hiver de force", bien sûr, mais aussi "L'océantume" et ses plaines enneigées.